Troubles de comportement chez les enfants
Autisme
Qu’est ce que l’autisme ?
L’autisme se caractérise par des difficultés majeures dans la communication et les interactions sociales.
Fréquence
L’autisme touche dix à seize ou plus personnes sur 10 000.
Âge de diagnostic
L’autisme, quatre fois plus fréquent chez les garçons que chez les filles, peut être diagnostiqué vers l’âge de 3 ans.
Symptômes
La gravité des symptômes d’autisme varie d’une personne à l’autre.
Les enfants autistes ont des difficultés à interagir avec autrui. Cela se traduit par un comportement d’isolement, d’évitement du regard et par une absence de réponse à toute stimulation extérieure. Les autistes ne parlent pas ou peu.
L’autisme peut être associé à d’autres handicaps. Les moitié des enfants autistes présentent un déficit intellectuel léger à sévère selon les cas. 25 à 30 % d’entre eux sont victimes d’épilepsie.
Traitements
La nature des traitements fait encore débat, mais l’intérêt d’un diagnostic est précoce est reconnu de tous.
L’approche éducative a aujourd’hui la faveur de la plupart des spécialistes. Elle peut prendre des formes diverses selon les méthodes employées et peut être dispensé par de nombreux professionnels (psychomotriciens, psychologues, orthophonistes, ergothérapeutes, etc.).
Élaboration de l'appareil psychique
Comment entrer en contact avec l'univers interne de l'enfant autistique ?
De quoi est fait son espace psychique ?
Quels types d'angoisse affronte t'il ?
L'angoisse première
C'est une notion qui a à voir avec le vide, l'écoulement, l'évaporation, l'explosion. La substance psychique doit avoir un contenant pour ne pas s'évaporer, pour ne pas se vider. Ce contenant, qui permettra à l'enfant de vivre entier, c'est la mère et l'environnement maternel.
- De 0 à 2 mois : position autistique. L'enfant est centré sur lui-même et ses sensations;
- De 2 à 8 mois : position symbiotique. Il y a confusion entre le Moi et l'Autre;
- Après 8 mois : position dépressive. "Je suis Moi et il y a l'Autre".
Le contenant
C'est dés la position autistique qu'une place primordiale doit être donnée au contenant. Les expériences perceptives du bébé ne sont pas liées entre elles. Il vit des moments où il se sent contenu, et d'autres moments où il se sent tomber. Tout cela ne se distingue pas des autres sensations (tactiles, de chaleur, d'être porté ou non, de bouger, de contact...). Toutes les sensations sont mélangées et mauvaises. Il s'en débarrasse en tapant des pieds et en criant. Notons que ces phénomènes se retrouvent chez les adultes, de manière beaucoup moins intense.
Les protections
L'enfant est très tôt confronté à la peur de mourir. Il s'accroche à la vie au moyen de mécanismes de défense psychiques.
- Démantèlement: c'est un mécanisme passif qui consiste à faire en sorte que le moi précoce soit suspendu, cesse d'exister. Les manifestations pulsionnelles sont désintégrées et l'enfant ne ressent plus l'angoisse. Cela devient pathologique quand le mécanisme est utilisé de manière excessive, massive, stéréotypée. Le démantèlement semble être la base de tout ce qui a à voir avec le fait de suspendre tout lien avec l'extérieur (par exemple dans la toxicomanie). Cela s'observe chez l'autiste quand il coupe tout contact par son regard dans le vague, ailleurs;
- Identification adhésive: forme d'identification en surface. Cela s'observe dans l'écholalie où juste la surface de l'attitude et du comportement est réutilisée. C'est vidé de sens. C'est en fait tout ce qui est de l'ordre du mimétisme, de l'accrochage à une sensation pour éviter l'angoisse de la chute (on notera par exemple le regard qui se fixe sur un point...). Cela concerne le contact corporel et psychique. Le mécanisme d'identification adhésive a pour but d'éviter de disparaître.
Origine du mot "autisme"
Le terme "autisme" vient du grec "auto" qui signifie "soi-même". Il est employé en psychiatrie pour la première fois en 1911 par le psychiatre suisse Eugène Bleuler. Il l'utilise pour désigner dans la schizophrénie adulte la perte du contact avec la réalité extérieure qui rend difficile ou impossible pour le patient toute communication avec l'Autre.
Plus tard, d'autres auteurs le décriront comme un symptôme particulier, non spécifique de la schizophrénie, et en feront ainsi une pathologie à part entière.
Les hypothèses génétiques
Au niveau des jumeaux vrais (ou monozygotes), si l'un des membres est autiste, dans 70% des cas le second l'est aussi. Il est donc admis qu'existe un potentiel génétique (inné). Mais d'autres facteurs joueront leur rôle sur ce terrain privilégié, puisque pour les faux jumeaux (ou hétérozygotes), on observe malgré tout 10% de concordance. Cette proportion étant très supérieure aux moyennes nationales (env. 1/1500 enfants), on admet qu'existe également une influence de l'environnement proche (acquis).
L'autisme de KANNER
En 1943, dans un article intitulé "Autistic Disturbance of Affective Contact", le psychiatre américain L. Kanner décrit sous le terme "d'autisme infantile précoce" un tableau clinique caractérisé par l'incapacité pour le bébé, dès sa naissance, d'établir des contacts affectifs avec son entourage.
KANNER spécifie les caractéristiques de ce symptôme, et en fait un syndrome clinique à part entière, avec un mode d'apparition et une évolution radicalement distincts de la schizophrénie: "ce n'est pas comme dans la schizophrénie infantile ou adulte, un commencement à partir d'une relation initiale présente, ce n'est pas un retrait de la participation à l'existence d'autrefois. Il y a, depuis le départ, une extrême solitude de l'autiste qui, toutes les fois que cela lui est possible, dédaigne, ignore, exclut tout ce qui vient de l'extérieur".
KANNER note dans son article plusieurs signes cliniques particuliers à cette forme de psychose qu'est l'autisme:
- Un début précoce des troubles avant la fin des deux premières années de la vie;
- Un isolement extrême: l'attitude de l'enfant est marquée par une profonde indifférence et un désintérêt total vis-à-vis des personnes et des objets extérieurs;
- Une grande immuabilité;
- Des stéréotypies gestuelles, certains gestes apparaissant étranges et répétitifs, comme agiter un mouchoir continuellement devant les yeux, remuer les doigts devant le visage, déambuler sur la pointe des pieds, tournoyer sur soi-même, se balancer d'avant en arrière pendant des heures...
- Des troubles du langage: l'enfant est soit totalement mutique, soit il émet des sons sans signification, soit il répète les mots sans valeur communicative (l'écholalie est une répétition en écho des mots ou des phrases des autres). Il note aussi l'incapacité d'utiliser les noms propres, et l'utilisation des néologismes. L. Kanner décrit enfin l'intelligence et la mémoire exceptionnelles de ces enfants, et ces derniers traits caractéristiques distinguent l'autisme de toutes les autres formes d'arriération connues en psychiatrie.
Les psychoses infantiles précoces
A la suite des travaux de L. Kanner, plusieurs affections sont regroupées sous le terme générique de "psychoses infantiles précoces", qui présentent les mêmes symptômes que ceux décrits par lui. Ainsi en 1957, Margaret Mahler a décrit la "psychose symbiotique" dont elle note les particularités:
- Elle débute dans la seconde année de la vie de l'enfant;
- Elle est précédée d'une phase dite "normale" de développement;
- Son apparition se fait principalement à des moments clés de l'évolution psychologique de l'enfant, marqués par l'abandon de la fusion symbiotique d'avec la mère;
- Elle est caractérisée au niveau clinique par une angoisse de mort massive, en réaction à ces expériences traumatisantes de séparation;
- Elle commence par l'apparition brutale d'une déstructuration de la personnalité, avec atteinte grave de la communication, perte du langage et apparition des symptômes psychotiques.
Les théories et thérapies psychanalytiques
Beaucoup de soignants ont consacré une partie de leur vie à tenter de comprendre la pathologie autistique, et proposer des modèles thérapeutiques adaptés. Ainsi la psychiatre américaine née en Hongrie: Margaret Mahler (1897-1985), le psychiatre et psychanalyste américain d'origine viennoise Bruno Bettelheim (1903-1990), la pédiatre française Françoise Dolto (1908-1988), la psychanalyste d'origine britannique Frances Tustin (1913-1994), l'éducateur spécialisé Fernand Deligny (1913-1996), la psychanalyste lacanienne française Maud Mannoni (1923-1998)... etc. Mais toutes leurs recherches sur l'inconscient humain, les relations pathologiques ou la prise en charge thérapeutique vont attirer critique et opposition dans le monde. La réaction contestataire fut particulièrement influente dans les milieux religieux anglo-saxons au début des années 1980. Elle apparut en France à partir de 1990. S'opposant violemment aux découvertes freudiennes, plusieurs médecins, scientifiques et responsables politiques réfuteront bientôt l'ensemble des théories et thérapies psychanalytiques. En 2012, l'organe officiel consultatif HAS (Haute Autorité de Santé) en vient à dénier la "pertinence des interventions fondées sur la psychanalyse".

