Troubles de comportement chez les enfants


Les enfants surdoués

Les enfants surdoués représentent une population qui a longtemps été délaissée dans le champ de la psychologie. Aujourd’hui, ces enfants font encore l’objet de représentations erronées et restent des enfants au fonctionnement mal connu. Il est probable que l’idéologie dominante ait largement participé au processus. En effet, la terminologie même induit un « plus » qui, à priori, ne justifie pas une attention particulière des professionnels (psychologues, médecins, enseignants etc,…). La désignation « intellectuellement précoce » renvoie, elle, à une notion d’avance intellectuelle ce qui supposerait que ces enfants sont seulement plus rapides que les autres face à certaines acquisitions ou compétences intellectuelles. Enfin, le « politiquement correct » oblige à une pensée unique qui veut que l’on aide ceux qui semblent les plus démunis intellectuellement et que l’on ignore ou pire que l’on envie, ceux qui semblent avoir tout reçu,… Les mythes ont la vie dure !

La réalité est bien différente loin de son image fantasmée. Les enfants surdoués ont un parcours scolaire souvent chaotique, sont psychologiquement vulnérables, ont des repères narcissiques flous, souffrent toujours d'une conscience douloureuse du monde. Selon la personnalité de chacun ils sauront plus ou moins développer des défenses et des ressources pour transformer leurs particularités en atouts, en projet de vie réussie. Mais pour certains, au développement marqué par des difficultés affectives multiples, les troubles psychologiques se manifesteront sous des formes plus ou moins sévères.

Les difficultés seront plus ou moins marquées selon si l'enfant a été ou non dépisté, et l'âge auquel a été posé le diagnostic. Lorsque l'enfant grandit sans savoir qui il est vraiment, les risques de troubles psychologiques deviennent plus importants.

Sur le plan intellectuel : Etre surdoué ne signifie pas être quantitativement plus intelligent mais penser dans un système qualitativement différent. Ce sont les formes spécifiques de son intelligence qui distinguent le surdoué. Etre surdoué ne signifie pas être seulement plus intelligent que les autres mais fonctionner avec un mode de pensée et une structure de raisonnement singuliers. C’est cette particularité qui rend parfois difficile son adaptation scolaire mais aussi son adaptation sociale.

Sur le plan affectif : Etre surdoué c’est aussi et peut-être surtout, présenter des particularités dans la construction psychologique: grandir avec une hypersensibilité, une affectivité envahissante, qui marquent la personnalité. Le diagnostic de surdoué ne peut se résumer au chiffre réducteur de QI. Aider et accompagner l'enfant dans son développement c'est comprendre l'ensemble de son fonctionnement sur les plans intellectuel et affectif et resituer l'efficience intellectuelle dans une dynamique globale.

Et puis, s'il était utile d'insister, n'oublions jamais qu'un enfant surdoué est d'abord un enfant. Même si tous les enfants surdoués présentent des caractéristiques communes qu'il faut savoir repérer et distinguer pour apporter une aide adaptée, l'enfant a son histoire personnelle, il appartient à une dynamique familiale, sociale, qui est la sienne.

Poser un diagnostic est une démarche clinique complexe. Elle s’appuie à la fois sur l’observation de l’enfant, sur l’analyse de la situation actuelle et passée, sur la compréhension de l’histoire familiale et de l’histoire de l’enfant.

Le bilan psychologique complète et enrichit la démarche à l’aide d’une exploration attentive du fonctionnement intellectuel et cognitif et de l’intrication avec la sphère affective de la personnalité. Il s’agit toujours de resituer l’enfant dans une perspective globale et dynamique.

Sur un plan psychométrique : on parle de surdoué lorsqu’un QI (Quotient Intellectuel) global de 130 ou plus est obtenu sur une échelle d’efficience intellectuelle. En France, comme dans le monde, les échelles les plus utilisées sont les échelles de Wechsler. Il en existe trois versions WPPSI pour les moins de 6 ans, WISC jusqu’à 16 ans, WAIS pour les adultes.

A souligner: la dernière version du WISC (WISC IV) et de la WAIS (WAIS IV) ne présente pas les mêmes profils que les versions précédentes. Son interprétation doit impérativement être approfondie et s’appuyer sur l’ensemble des indices tant cognitifs que cliniques afin d’éviter toute erreur diagnostique.

Prudence : Un QI N’EST PAS un diagnostic. C’est un indice qui oriente le diagnostic. Le score n’a pas de valeur en soi. Une donnée chiffrée ne suffit JAMAIS. Un diagnostic de surdoué ne peut être posé qu’avec l’appui des éléments cliniques et les données de bilans complémentaires. C’est un diagnostic global.

par Coritoz